Gustave BOUQUILLON - Un pionnier de l’industrie du caoutchouc à Paulilles

 

Gustave Bouquillon - 1850-1952 - Promoteur du caoutchouc à Paulilles

 

Originaire de Belgique où il est né de parents français, Gustave Bouquillon participe en 1870 à la guerre franco-prussienne au cours de laquelle il est blessé. Entré en autodidacte dans l’entreprise familiale de fabrication de caoutchouc, il devient ensuite directeur d’importantes usines illustrant l'expansion de ce secteur industriel et apparaît enfin comme le doyen des directeurs d’usines de caoutchouc en France. Président du syndicat patronal des fabricants de pneumatique et caoutchouc, il installe une caoutchouterie sur le site de la dynamiterie de Paulilles (Pyrénées-Orientales), dont il assure la direction.

 

Carrière dans l’industrie du caoutchouc

 

Le Tellier & Verstraet - Usine de Montrouge - 1881

 

Né à Ploegsteert (Belgique) le 12 novembre 1850, Gustave Bouquillon est le fils de Jean-Baptiste Bouquillon et de Thérèse Verstraet, tous deux de nationalité française, originaires de la commune d’Houplines, dans le nord de la France. Demeurant à Houplines dans sa jeunesse, il fait campagne en 1870, est grièvement blessé à un oeil en janvier 1871[1], et est décoré de la médaille militaire.

En incapacité de travail jusqu’en 1873, il entre alors à la manufacture Le Tellier et Verstraet à Paris, entreprise pionnière de caoutchouc appartenant à un oncle, où il gravit les échelons de chef ouvrier, chef d’atelier puis chef de fabrication. Au sein de ce secteur innovant, il accède ensuite aux fonctions de directeur de diverses unités dépendant d’importantes sociétés, pour devenir à terme, le doyen des directeurs d’usines de caoutchouc en France.

 

Société Edeline-Gallus - Usine de Puteaux - 1899

 

Dirigeant tout d’abord l’usine de Bezons de 1883 à 1894 (Val d’Oise-95), propriété de la Société Industrielle des Téléphones, il accède ensuite à la direction des Etablissements Edeline et des pneumatiques Gallus, de 1894 à 1900. Devenu directeur général des Ets Hutchinson à cette dernière date, il dirige l’usine de Langlée près de Montargis (Loiret-45), comptant alors un millier d’ouvriers et employés.

Membre de la Société des ingénieurs civils de France en 1896, à l’époque de sa direction des Ets Edeline, Gustave Bouquillon est considéré comme l’introducteur en France de la fabrication du fil de caoutchouc, jusqu’alors appelé « fil anglais » par référence au monopole anglais de production. Au tournant du XXe siècle, il est l’inventeur de procédés de régénération du caoutchouc et de perfectionnements apportés notamment à l’industrie automobile.

Titulaire de la Légion d’honneur en 1902, il est récompensé pour sa contribution à l’industrie du caoutchouc et à ses œuvres sociales : participation des ouvriers aux bénéfices chez Gallus, présidence de l’Epargne ouvrière à l’usine de Montargis chez Hutchinson. A son départ de l’usine de Langlée en 1907, il est rappelé par la Société Industrielle des Téléphones pour installer l’usine et la fabrication des chaussures de caoutchouc de marque « Au coq ».

Gustave Bouquillon à Paulilles 

 

 

Enfin, Gustave Bouquillon installe sur le site de Paulilles, dans les Pyrénées-Orientales, une usine de caoutchouc dépendant de la Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite. Entré à Paulilles à une date restant à déterminer, il devient directeur de cette fabrique où il est mentionné comme tel en 1921[2]. Il a alors âgé de 71 ans.

En tout état de cause et bien que restant à préciser, les liens unissant Paulilles à l’industrie du caoutchouc relèvent de l’expansion du secteur de l’outillage pneumatique. En 1923, une réclame souligne en effet, au sein de l’unité de Paulilles, la fabrication de tuyaux de tous modèles et en particulier celle de tuyaux pour perforation mécanique à air comprimé. Sous réserve de vérification, cette fabrication serait peut-être à mettre en relation avec la création de la Société française d’outillage à air comprimé[3], fondée en 1908 à l’initiative de Frédéric Combemale et alliés.

Figurant comme l’un des pionniers de la dynamiterie de Paulilles en 1870 puis directeur de la dynamiterie Nobel de Trafaria (Portugal), Frédéric Combemale participe en effet avec Arthur Maury, Jules Michelon et A. Porte, tous alliés par mariage, aux grands chantiers européens de travaux publics. L’entrepreneur Georges Hersent figure également parmi les administrateurs fondateurs de cette société d’outillage créée en 1908.

Président de la Chambre syndicale du caoutchouc

Gustave Bouquillon figure pour sa part en France comme « président d’honneur de la chambre syndicale des fabricants et commerçants du pneumatique, du caoutchouc, bandages élastiques et industries qui s’y rattachent », ancêtre du Syndicat National du Caoutchouc et des Polymères (SNCP). Parallèlement à l’industrie de la dynamite, Paulilles accueille donc le pionnier d’une industrie devenue majeure dans l’Hexagone et dans le monde, celle du caoutchouc.

Le site dynamitier de Paulilles réunit dès lors pour un temps deux filières complémentaires, la dynamite et le caoutchouc pour outillage pneumatique, contribuant ensemble à l’essor de l’industrie des travaux publics et du génie civil. Bénéficiant d'une incontestable longévité, Gustave Bouquillon décède pour sa part à Paris en 1952, à l'âge de 102 ans.

E. PRACA

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SOURCES

Site Léonore - Bouquillon Gustave Dominique Jean - LH/321/43 - Né en 1850, décédé centenaire à Paris en 1952 (cf. Archives Ville Paris).

BIBLIOGRAPHIE

Extrait de la revue « Le Caoutchouc et le Gutta-Percha », publication A. D. Cillard, Paris, sd, 4 p.

POUR EN SAVOIR PLUS

PRACA Edwige, Paulilles - Dynamite - Les Caoutchoucs, Site Amis de Paulilles, rubrique Patrimoine.

PRACA Edwige, Société Française de Construction d’Outillage à Air Comprimé - 1908, Site Amis de Paulilles, rubrique Administration/Patronat.

DUMOND Lionel, Un cas de modernisation  industrielle précoce : l'industrie française du caoutchouc (1880-1970), in Histoire, Economie et Société, 17e année, n°1, 1998.



[1] Blessure par balle à l’œil gauche, reçue à Villersexel le 15 janvier 1871.

[2] Annuaire des ingénieurs civils. La fabrique apparaît construite lors de la Première Guerre Mondiale.

[3] Probablement mentionnée comme Société « de matériel de machines et d’outillage pour l’industrie dans les mines » au décès de Frédéric Combemale en 1908 (cf partie d’inventaire, archives privées). Les administrateurs de la société fondée en 1908 sont : Frédéric Combemale, Henri d’Englesqueville, Gustave Hersent, Arthur Maury, Jules Michelon, A Porte. Son siège est situé 44 avenue de Châtillon à Paris.