Explosion du 25 janvier 1887 à la dynamiterie de Paulilles

 

Le 25 janvier 1887 survient une explosion mortelle à l’usine de dynamite de Paulilles. Entraînant le décès d’un chef de fabrication, cet accident a lieu à l’atelier de décantation des acides, autrement dit dans le local où repose un temps la nitroglycérine, au terme de sa fabrication. Cette explosion est le troisième ou quatrième accident mortel survenu en dix ans.

Sur un autre plan, une hausse des accidents survenus dans les mines, dus à la dynamite issue de l'industrie privée, attire l'attention des pouvoirs publics. De nouvelles mesures de précaution ont été prises à l'encontre des fabricants d'explosifs, appartenant au secteur privé : 

"Plusieurs accidents causés en moins d’une année, dans diverses mines du département du Gard, par l’explosion de cartouches de dynamite provenant de l’usine de Paulilles". Ces cartouches contiennent du nitrate de soude, substance absorbante mais hygrométrique, qui donne lieu au bout de quelque temps « à des exsudations dangereuses ».

Des décrets ont été pris en 1886 et début 1887 aux fabriques privées de Déols (Indre) et de La Genevraye (Seine et Marne) afin d’exclure de la composition de la dynamite tout absorbant hygrométrique. Avant une décision concernant Paulilles, le ministère du commerce attend les observations de la Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite. Ces mesures prises sur papier ne garantissent toutefois pas la sécurité dans les faits.  

E. PRACA

 

 DOCUMENTS

Mémorial des Poudres - 1890 - t.3

 

Paris le 16 février 1887 - Explosion du 25 janvier 1887 - L'explosion s'est produite à 9h30m du matin dans l'appareil destiné à la séparation de la nitroglycérine retenue par les acides résidus avant le traitement de ceux-ci dans l'atelier de regagnage. Cette séparation, qui se fait dans une cuve, se produit lentement, en vertu de la différence de densité des liquides ; la nitroglycérine, rassemblée à la surface, se déverse par un orifice placée à hauteur convenable. L'atelier affecté à cette séparation contenait deux cuves semblables, dans l'une desquelles s'est produite une décomposition qui s'est manifestée par des vapeurs rouges, puis blanches, puis l'explosion d'une quantité d'environ 15kg de nitroglycérine, déjà recueillie dans un petit réservoir voisin.

Le chef de fabrication, qui se trouvait dans l'atelier, a été victime de cette explosion : atteint à la tempe droite, il est mort sur le coup. On suppose que, voulant arrêter l'incendie, il aura saisi le robinet à eau et qu'à ce moment il aura été frappé par le tuyau arraché par l'explosion. L'atelier a été complètement rasé.

Gal Boulanger.

 

Le Journal des débats politiques et littéraires - 26 janvier 1887

 

■ « Port-Vendres le 25 janvier. Par suite de l'imprudence d'un ouvrier qui a malheureusement été victime de sa faute, une petite explosion s'est produite ce matin, à 9h30, dans le petit bâtiment servant à la purification des résidus acides de la fabrication de dynamite de Paulilles ».

 

SNPE Ingénierie S.A.

Etude des dangers de l’établissement désaffecté Nobel Explosifs France de Paulilles (Pyrénées-Orientales) - 1987

 

■ Explosion dans un atelier de décantation des acides résiduaires (séparation lente de la nitroglycérine). Motif : Décomposition de 15 kg de nitroglycérine. 1 mort.

 

ETAT CIVIL - Port-Vendres - 26-1-1887

 

Briscard Alexandre François, 31 ans, chef de fabrication à l'usine de dynamite de Paulilles, demeurant à Port-Vendres, né à Bolbec (Seine Inférieure), époux de Constance Eloïse Blic, fils de feu Charles François Briscard et de Modeste Eulalie Fréret. Décédé la veille 10h du matin  à l'usine de Paulilles (commune de Port-Vendres).

 

 

 ______________________________

SOURCES

ADPO 8S170, lettre sous-préfet de Céret du 18-8-1887.

ADPO, Etat-civil - Décès - Port-Vendres.