Dynamite de Paulilles - Explosion du 29 mai 1913

 

L'explosion de la dynamiterie de Paulilles le 29 octobre 1913 fut l'une de celles qui furent les plus commentées par la presse. Ce sont les articles de la presse locale et régionale qui, les premiers, font état de trois explosions successives et mortelles, créant un vent de panique sur le site industriel. Dans ses bilans, la presse dresse la liste des victimes tuées et blessées, rejoignant le long cortège des accidentés de l'usine de dynamite des Pyrénées-Orientales fondée en 1870. L'accident de 1913 détermine la fermeture de l'usine durant plusieurs mois, jusqu'à sa réouverture en 1914 suivie d'une nouvelle explosion, peu de temps avant la guerre.

Cet article retranscrit donc les textes de la presse méridionale. Pour en savoir plus, un autre article est consacré à cette même explosion de 1913, relatée et illustrée cette fois par la presse nationale : un lien figure  à cet effet en bas de page.

E. PRACA

 

DOCUMENTS

L’Express du Midi – Toulouse – 30-5-1913

 

Une terrible explosion s'est produite dans la fabrique de dynamite de Paulilles, près de Port-Vendres, arrondissement de Céret. On a trouvé dans les décombres cinq morts et plusieurs blessés.

Une fabrique de Dynamite saute - Six morts – trois disparus – vingt-cinq blessés

Perpignan, 29 mai

Ce matin vers 8 heures, trois explosions successives ont retenti venant de la direction des usines de la Société Générale pour la fabrication de la dynamite et des produits chimiques de Paulilles, près de Port-Vendres, arrondissement de Céret.

L'appareil servant à la fabrication de la nitroglycérine et les appareils de filtrage et de pétrissage venaient de sauter successivement. Ces appareils contenaient, dit-on, 2,000 kilos de matières explosibles ; on a retrouvé jusqu'à présent dans les décombres cinq morts et plusieurs blessés.

Le chiffre des morts pourrait être plus important, car on n'a pas encore pu procéder au déblaiement, qui présente de grosses difficultés, ni faire l'appel complet du personnel.

La violence de l'explosion a été telle que les cadavres ont été littéralement déchiquetés et les débris projetés à la mer, où à plusieurs centaines de mètres du lieu de l'accident.

Les restes des victimes que l'on a pu recueillir ont été déposés dans un fourgon régimentaire et transportés à l'hôpital Saint-Jean, à Perpignan.

Le préfet des Pyrénées-Orientales, M. Emery, le sous-préfet de Céret, le parquet, sont partis sur les lieux de l'accident pour procéder aux premières constatations et à l'enquête.

Perpignan, 29 mai, 5 heures

Voici des détails sur les explosions qui se sont produites, ce matin, à Paulilles, dans une fabrique de dynamite :

La première explosion s'est produite exactement à 7 h. 30, dans l'atelier de nitrification, à l'appareil servant à la fabrication de la nitroglycérine.

Cette explosion en a déterminé deux autres à 5 secondes d'intervalle, dans deux autres ateliers situés à quelques mètres de l'atelier de nitrification, c'est-à-dire à l'atelier de filtrage et à celui de pétrissage, où un nombreux personnel est occupé.

L'explosion a été terrible ; plusieurs ouvriers ont été déchiquetés et les débris projetés dans la mer, àplusieurs centaines de mètres : un éboulement s'est produit sur une partie de la colline.

L'enquête préliminaire aurait établi que l'explosion est due àune décomposition spontanée de la nitroglycérine.

Personne parmi les témoins n'est capable de définir les circonstances de l'accident ; l'affolement dans le personnel est tel qu'il n'est pas possible d'obtenir la moindre précision à cet égard.

« Nous avons entendu une formidable explosion, disent ces témoins ; nous avons fui épouvantés ; nous ne savons rien de plus. »

Les premiers secours ont été organisés par le personnel de l'usine, ensuite par une partie de la population de Port-Vendres, à la tête de laquelle se trouvaient M. Forgas, maire, et les membres de la municipalité, les infirmiers de la 16e section de Port-Vendres et les soldats de

l'artillerie coloniale de Port-Vendres.

Dès la première minute, le vapeur Le Roland, du laboratoire de Banyuls, s'est rendu àPaulilles pour porter secours.

Des recherches ont été commencées par une compagnie de soldats du détachement d'artillerie coloniale de Port-Vendres et par une partie du personnel de l'usine.

Trois cadavres et non cinq, comme il avait été dit tout d'abord, ont été retrouvés, dont deux à moitié carbonisés. L'explosion, en effet, a déterminé un incendie dans l'atelier de pétrissage.

Le nombre officiel des victimes est, à l’heure actuelle, de six : trois morts et trois disparus. Les morts sont : Joseph Poch, 48 ans, originaire de Banyuls-sur-Mer, père de sept enfants Vincent Bonnet, 47 ans ; André Aspart, 54 ans, ouvrier nitreur, disparu ; Emile Jouvence, 60 ans, agent des poudres et salpêtres de l'Etat ; Jean Suroca, 54 ans ; Antoine Nomdedeu, 35 ans, ouvrier.

Le nombre des blessés serait de vingt-cinq ; trois d'entre eux sont, grièvement atteints ; l'un d'eux, le nommé Frédéric Verbier, qui habite l'usine de Paulilles serait dans un état désespéré ; mais suivant deux des blessés, les nommés Isserni de Banyuls, et Dunyach, de Port-Vendres, le nombre des victimes serait plus élevé ; pour eux, les disparus ont dû être projetés dans la mer, à plusieurs centaines de mètres, car le bâtiment dans lequel s'est produite l'explosion est situé sur une colline surplombant la mer.

Les ouvriers Isserni et Dunyach étaient sous les décombres. Ils eurent mille peines à se dégager ; ils croient que les cadavres déchiquetés ou calcinés d'autres ouvriers seront retrouvés.

Des femmes et des enfants courent de toutes parts, afin de s'informer de tels ou tels de leurs parents qui étaient employés à l'usine ; c'est, tout le long de la route, une théorie de pauvres gens.

L'affluence a été si grande qu'on a dû fermer les portes de l'usine qui avait été envahie par ces nombreuses familles à la recherche d'un des leurs.

L'anxiété devient de plus en plus grande à propos des disparus.

D'après les derniers renseignements, les explosions de Paulilles ont été entendues à une distance de 30 kilomètres ; elles ont causé des dégâts jusqu'à Port-Vendres même, où des maisons particulières ont eu leurs vitres brisées.

Le bâtiment où les explosions se sont produites a été détruit.

Le préfet des Pyrénées-Orientales a distribué des secours aux familles des victimes qui habitent les villages environnants.

En ce moment, le vapeur Le Rolland sonde la baie de Paulilles pour rechercher les cadavres projetés à la mer.

Port-Vendres, 29 mai

Le nombre des victimes dans l'explosion de Paulilles est exactement de six morts, dont quatre ont été projetés dans la mer.

Il n'y a que cinq blessés, dont deux très grièvement.

 

L’Express du Midi – Toulouse – 31-5-1913

 

La catastrophe de Paulilles

Perpignan, 30 mai

Les travaux de déblaiement de l'usine de Paulilles ont continué cette nuit et se sont poursuivis ce matin ; les recherches effectuées pour retrouver les corps des disparus ont été vaines ; l'état des blessés reste grave.

Les chiffres définitifs des victimes sont de 2 morts trouvés calcinés, 4 disparus, parmi lesquels se trouve un fonctionnaire de l’administration des poudres et salpêtres, et de 6 blessés.

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POUR EN SAVOIR PLUS

PRACA Edwige, L'explosion du 29 mai 1913 à la dynamiterie de Paulilles, Site Amis de Paulilles, Rubrique Risques.