Pauline BARBE et Eugène Sylvestre BUISSON D’ARMANDY - Mariage - 1878

 

 Eugène Buisson d'Armandy - Officier d'état-major

 

Fille aînée de Paul Barbe, promoteur de la dynamite en France, Pauline Barbe épouse en 1878 le capitaine Eugène Sylvestre Buisson d’Armandy. Dans la corbeille de mariage figure le château des Cinq-Cantons, situé sur les communes de Carpentras et de Loriol (Vaucluse), apporté en dot par l’époux. Plus largement, ce mariage illustre le rapprochement opéré au XIXe siècle entre l'ancienne noblesse et les nouvelles élites bourgeoises et financières. Il enracine également le patronat de la dynamite dans le midi méditerranéen, dont il apparaît une composante.

Eugène Sylvestre Buisson d’Armandy (1848-1936)

Issu d’une famille de l’ancienne noblesse du Comtat Venaissin, Eugène Sylvestre Buisson d’Armandy est le fils unique d’Aimé Prosper Edouard Buisson d’Armandy (1794-1873) militaire de carrière dont les états de service concernent principalement la conquête de l'Algérie, et de Joséphine Orsini (v.1819-av.1878).

Sous le Second Empire, sa jeunesse est favorisée par la reconnaissance de paternité dont il bénéficie suivant acte d’état civil enregistré à Toulouse fin 1855. A cette reconnaissance s’ajoute la récupération de la particule familiale et nobiliaire, supprimée à la Révolution et rétablie par jugement du 8 novembre 1858. Son père est alors général de division, membre du Comité d’artillerie, commandeur de la Légion d’honneur.

 

Domaine des Cinq-Cantons - Vaucluse - Vue aérienne contemporaine

A droite : bâti du XVIIIe s.

 

Le 31 juillet 1878, âgé de 29 ans, devenu capitaine d’infanterie et désormais orphelin de ses deux parents, Eugène Sylvestre Buisson d’Armandy épouse Pauline Barbe à Paris. Le futur époux s’est personnellement constitué en dot ses effets mobiliers, vêtements armes et bijoux, le tout d’une valeur de 1000 francs. Dans la corbeille de mariage figure également le château des Cinq-Cantons, situé sur les communes de Carpentras et de Loriol (Vaucluse),  provenant de la succession paternelle en 1873.

Proche du canal de Carpentras, le domaine est alors constitué du château proprement dit, définitivement agencé au siècle des Lumières, formant avec ses fermes et dépendances, une superficie de 50 hectares environ. La valeur de la propriété est estimée à 150 000 francs et le revenu de l’affermage s’élève annuellement à environ 4000 francs. Le château est grevé d’une hypothèque de 10 000 francs, contractée devant notaire à Carpentras, peu avant la célébration du mariage.

Pauline Catherine Françoise Barbe (1860-1949)

Orpheline de mère en 1876 et âgée de 17 ans au moment du mariage, Pauline Barbe est pour sa part la fille aînée de François dit Paul Barbe, promoteur  avec Alfred Nobel de la dynamite en France (1870), ingénieur et propriétaire, chevalier de la Légion d’honneur. Assistée et autorisée de son père avec lequel elle réside 12 rue Condorcet à Paris, elle apporte en dot ses vêtements, objets mobiliers et bijoux d’une valeur de 3000 francs, ainsi que sa part de succession maternelle, s’élevant à un peu plus de 215 000 francs.

Cette somme est alors représentée par 200 actions de la Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite fondée en 1875, une rente sur l’Etat de 1200 francs constituée sur le compte de tutelle et une créance d’environ 97 000 francs due par son père pour solde de ce compte. Elle comprend également une part immobilière d’un peu plus de 14 000 francs, représentant une partie de propriété sise rue de Lagny à Paris, des terrains à Liverdun (Meurthe et Moselle) et une part de maison sise à Port-Vendres, où est implantée la dynamiterie de Paulilles  (Pyrénées-Orientales).

Le contrat est établi sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. Le futur époux fait toutefois donation à son épouse de la pleine propriété de tous ses biens mobiliers et immobiliers, la donation étant réduite à la portion légale en cas de descendance. Devenue Pauline Buisson d’Armandy, la fille de Paul Barbe hérite également du titre de comtesse, qu’elle porte lors du décès de son époux en 1936.

Le Vaucluse, terre d'élection

Pour l'époux, les témoins sont Henri Raoul René de Cornulier Lucinière, chef de bataillon au 77e régiment d'infanterie, ainsi que Fernand Feutrier, ingénieur chargé de la remise en activité du site dynamitier de Paulilles en 1875. Pour l'épouse, les témoins sont Jean-Baptiste Charles Barbe, grand-père paternel ainsi que Lucien Quennec, ingénieur demeurant à Semsales (Suisse), oncle de l'épouse, tous deux actionnaires fondateurs de la Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite. Trois d'entre eux sont titulaires de la Légion d'honneur.

Par son contenu, ce contrat de mariage illustre bien le lien établi entre les anciennes élites militaires  et nobiliaires, et la nouvelle bourgeoisie d'affaires. En province et au delà de la cérémonie, le Vaucluse apparaît donc comme une terre d'élection, où s'enracine le premier patronat de la dynamite. Ainsi en est-il d'ailleurs d'Alfred Naquet, proche de Paul Barbe, dont les familles alliées sont issues de la région de Carpentras. Le département et plus généralement le midi de la France rassemblent dès lors une élite sociale ainsi qu'un patrimoine issus de la grande industrie de la dynamite, dont l'expansion intervient ensuite et précocement, en Europe et dans le monde.

 E. PRACA

 

DOCUMENT

EUGENE-SILVESTRE BUISSON D'ARMANDY

1848-1936

ASCENDANCE NOBLE

 

"Pierre Buisson, vivant au XVIIe siècle, fut le trisaïeul d'Antoine, allié en 1741 à Anne-Henriette de Sibour qui lui donna Xavier-Antoine Buisson d'Armandy, anobli par bref de Pie VI en 1780, marié en 1771 à Charlotte-Emilie Mourre de St Martin, dont il eut Aimé-Prosper-Edouard-Chérubin-Nicéphore, Général, officier de la Légion d'honneur, qui laissa de sa première épouse Pénélope-Colombe Castiglione : Eugène-Silvestre. Général, allié en 1878 à Pauline-Catherine-Françoise Barbe".

Révérend, 1907.

 

SOURCES

Archives de la Ville de Paris : mariage D'Armandy/Barbe.

POUR EN SAVOIR PLUS

PRACA Edwige, Marguerite Barbe et Ernest Dupuy - Premier mariage - 1878, Site Amis de Paulilles, rubrique Administration/Patronat.

PRACA Edwige, Marguerite Barbe et Samuel Serge Voronoff - Mariage - 1896, Site Amis de Paulilles, rubrique Administration/Patronat.

PRACA Edwige, Fernand Feutrier, de la dynamite au Trésor public, Site Amis de Paulilles, rubrique Adminsitration/Patronat.

PRACA Edwige, Funérailles imposantes de Paul Barbe - 1890, Site Amis de Paulilles, Rubrique Administration/Patronat.

EN LIEN

Le château d'Armandy est vendu en 1910 à Marcel Desfond, négociant à Marseille,  et les terres sont dispersées entre les mains de divers propriétaires.

Comme nombre d'anciennes propriétés rurales du patronat Nobel, le domaine est converti à l'époque contemporaine en site touristique de haut niveau.

Adresse : 177 chemin des 5 Cantons, 84200 Carpentras - Tél. : 06 09 24 56 78.